20041012

subventions, espaces et déserts

une étrange mention à propos de denis vanier dans le devoir de samedi dernier, sous la plume du catho-nationaliste louis cornellier. dans cet article à propos du livre "art, argent, arrangement: le mécénat d'état" de robert yergeau, on peut lire:"denis vanier, par exemple, a reçu douze bourses du cac et huit du mac. ainsi, 'le poète de la marginalité la plus intransigeante a entretenu un commerce intense avec le mécénat d'état. comment ne pas interroger cette posture paradoxale?'

je ne m'attarderai pas sur cette tendencieuse "posture" mais j'aimerais bien comprendre de quel paradoxe s'agit-il? celui de demander des subventions auxquelles l'artiste est éligible? ou bien celui d'être un poète et d'avoir quand même besoin de se loger et de se nourrir? doit-on rappeler que les subventions sont attribuées par jurys de pairs, c'est à dire d'artistes oeuvrant dans la même pratique? doit-on encore rappeler que les subventions sont gérées par des fondations indépendantes des gouvernements en place, justement pour éviter qu'un artiste soit jugé sur ses positions politiques au lieu du mérite artistique de ses projets? doit-on aussi rappeler que quelques milliers de dollars pour 20 ans de pratique artistique, ça ne fait pas un très gros salaire? je ne vois aucun paradoxe à accepter un chèque du gouvernement si l'on conteste l'ordre établi, que ce soit un chèque du conseil des arts ou de la sécurité du revenu.

de quelques réactions à peine lors de l'abolition de la chaîne culturelle (les auditeurs ont donné une chance au coureur), il semble qu'il y ait maintenant une véritable opposition face à cet espace musique très aseptisé. je n'ai rien contre le principe de base, c'est à dire de donner priorité à la diffusion des oeuvres, par contre dans le contexte actuel où ce qui est diffusé n'est pas présenté, où toute réflexion sur l'art est abolie, où des pratiques artistiques très divergentes sont abusivement casées dans le même panier "émergent", je supporte sans retenue les artistes et les auditeurs qui demandent de profonds changements à cette formule.

finalement, un bref retour sur la manifestation vidéo et art électronique organisée à l'incinérateur des carrières sous le thème désert. d'emblée, j'ai été agréablement surpris par l'utilisation de ces lieux magnifiquement lugubres et aux dimensions impressionnantes. par contre, la disposition des multiples installations dans des conteneurs individuels ne permettait qu'à un public restreint de visionner les oeuvres. issue, installation vidéo de la photographe isabelle hayeur, était la plus intéressante. un écran couvrait complètement le mur au fond d'une grande salle de l'incinérateur. la projection en trompe-l'oeil donnait l'impression au spectateur qui s'avance que l'allée se prolongeait progressivement sous ses pas et que l'échappée possible vers un champ ensoleillé se déroberait en permanence.

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