20041220

le capital n'a pas de valeur morale

alors qu'aux extrémités du spectre politique chrétien (au québec, de louis cornellier à jean renaud), on tente de nous faire croire à la disparition des valeurs chrétiennes pour conforter leurs dérives - nationaliste pour l'un, fondamentaliste pour l'autre, il est grand temps de répondre de façon plus musclée à cette démagogie.

premièrement, à ces mélancoliques "intellectuels", j'aimerais souligner que cette vie perdue de pur amour et de moralité absolue, imbibée de l'haleine chaude du divin père créateur a un nom dans le canon chrétien: l'éden. et que - selon ces croyances - nous en sommes privés depuis l'aube des temps. dans toutes ces râleries de vieux gâteux, on tente d'entretenir cette impression vague qu'hypocrisie, lâchetée, mensonge, meurtre et viol ont été inventés par de vilains marxistes drogués des années soixante. "aaahhh! AVANT nous étions moralement bons!"

deuxièmement, j'en ai assez de cette schizophrénie collective qui consiste à appuyer du boût des lèvres les récriminations des chrétiens ("mais, au fond, c'est vrai que les filles s'habillent de façon vulgaire, que les jeunes ne respectent plus rien, que les familles ne sont plus ce qu'elle étaient...") en feignant de s'appercevoir que ce sont les plus fervents partisants de la droite qui sont responsables de l'émission massive de ces valeurs supposément immorales (comme fox, peut-être?). et cette hypocrisie des croyants est justement la cause des problèmes sociaux auquels nous faisons face en amérique. cette hypocrisie qui vit par et pour l'argent.

un exemple plus que frappant nous est donné par le documentariste nick broomfield avec aileen: life and death of a serial killer, un documentaire sur la femme qui a inspiré le film holywoodien "monster".

battue et violée par sa famille autant que par ses voisins, aileen, enceite à 13 ans, est ostracisée dans sa petite communauté du michigan et forcée de vivre dans les bois (mentionnons au passage qu'elle y rencontre un homosexuel, lui aussi forcé de vivre dans la forêt). une vie de prostitution est tout ce qui s'offre désormais à elle. elle ne sortira jamais de cette vie d'abus et elle n'aura finalement aucun problème moral à assasiner des clients qui auront été particulièrement cruels avec elle, dans le but simple de se venger et de les voler. arrêtée, elle est condamnée à la peine de mort à la suite d'un procès hautement médiatisé, car elle est, par le nombre de ses "victimes", la première "tueuse en série" américaine.

le plus dégoûtant dans toute l'histoire, ce ne sont pas les viols et les sévices, ni même les meurtres. non, c'est que son avocat, sa mère born-again et la police ont conspiré pour vendre son "histoire" à hollywood et que les témoins ont été interrogés en conséquence. aileen a toujours admis avoir tué ses victimes, mais en légitime défense et qu'elle les avait aussi volés. après 12 ans dans le couloir de la mort, paranoïaque et malade, elle veut mourir. elle acepte de changer son histoire pour accélérer sa mise à mort. le gouverneur de la floride, jeb bush, n'en est que trop heureux.

la droite dénonce le sexe et diffuse à son profit de l'érotisme patriarcal a plein canal - par la suite, pour tout support "moral" une fille enceinte ne trouve que des invectives. elle considère que la science n'est qu'une opinion mais ne voit aucune contradiction à utiliser l'arme nucléaire. elle détruit sciemment les conditions de vie de tous et s'indigne de la moindre opposition, même verbale. et nous sommes supposés regretter la disparition des valeurs chrétiennes? mais oui, celles-là même qu'on abandonnés les chrétiens depuis longtemps: tolérance, respect, humilité.

sinon, ces véritables valeurs chrétiennes dont on tente de nous faire croire la disparition sont bel et bien là autour de nous, omniprésentes: hypocrisie, dogmatisme et pharisaïsme. je termine avec cet intéressant échange entre le journaliste russell mokhiber et l'attaché de presse du président bush, scott mcclellan:

white house press briefing with scott mcclellan

russell mokhiber: scott, on the middle east - many evangelical christians in the united states are supporting right-wing jews in israel who want to rebuild the temple on the temple mount in jerusalem. they (evangelical christians) believe this is a prerequisite for christ's return to earth.

they believe that when christ returns to earth - they call this the rapture - he will take back with him the true believers. and the rest - the non believers - jews, muslims - will be left behind to face a violent death here on earth.

my question is, as a born again christian, does the president support efforts to rebuild the temple on the temple mount?


scott mclellan: russ, we can sit here and talk about religious issues. i will be glad to take your question, and if there is more, i will get back to you on that.

mokhiber: is he a born again christian?

scott mclellan: thank you. (mclellan abruptly ends the press briefing and walks out.)

2 comments:

  1. Anonymous9:32 am

    Tout n'est pas aussi simple car même la critique faite des dérives de la morale judéo-chrétiennes est faite à partir de ces mêmes valeurs idéalisées en tant que valeurs universelles... Et puis croyez-vous qu'il soit aussi simple de créer de nouvelle valeur pour tous, les valeurs chrétiennes sont là, athé ou pas, il faut faire avec... Nietzsche s'y est casssé les dents. Le vrai problème est plus celui du Capital en tant qu'il tend à prendre le pouvoir et à faire des hommes, aussi bien dirigeants que prostituées, des esclaves des chiffres.

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  2. je suis d'accord: rien n'est simple. mais c'est une évidence pour moi qu'on ne peut souligner efficacement l'hypocrisie de ces individus sans la mesurer aux valeurs qu'ils veulent imposer à la société. de plus, mon opinion est qu'il ne s'agit pas tant de "valeurs universelles idéalisées" que de "consensus phénoménologiques" que l'on mesure à l'aune de leur cohérence. finalement, je suis d'avis comme vous que le capital est l'élément central du problème, mais il n'est qu'un système social (comme le christianisme) et on peut donc l'abolir ou le transformer. j'ajouterais aussi qu'il fait de nous des exclaves de l'argent et non pas des chiffres, ces merveilleux signes dont georges ifrah retrace le développement dans son excellent livre "histoire universelle des chiffres" (que je recommande à tous!)

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