20041101

antiaméricanisme secondaire

la semaine dernière, christian "9/11" rioux et denise "vertu" bombardier discutaient "antiaméricanisme" sur les ondes télé-québec (sans commentaire). dans les différentes sections culturelles des quotidiens et hebdomadaires de la province, la parution du nouvel album de loco locass leur permettait d'affirmer aux journalistes qu'ils étaient fièrement "antiaméricains". au cours des dernières années d'hostilités au moyent-orient j'ai entendu cet épithète utilisé maintes et maintes fois, le plus souvent par les commentateurs de la droite: envers les occidentaux opposés au conflit vengeur, comme seule motivation possible aux résistances armées dans la région, mais généralement en tant insulte condescendante (remplacant ainsi le désuet "communiste").

jusqu'à présent, je ne m'imaginais pas que des gens à gauche puisse reprendre l'épithète à leur compte. comment pourrait-on être assez stupide pour confirmer les prétentions de la droite à toujours "délimiter le sujet" (adaptation française pas très efficace de to frame the issue) en adoptant cette non-étiquette? car j'ai un problème fondamental avec ce qu'on tente de définir par "antiaméricanisme", de la gauche comme de la droite.

mais avant toute chose: si quelqu'un croit que la provenance géographique peut à elle seule définir l'opinion qu'on a d'un individu, c'est un imbécile. si cet individu se dit "de droite", c'est un imbécile conséquent. si cet individu se dit "de gauche", c'est un imbécile à qui il faut expliquer (très très lentement) qu'une révolution "de gauche" à 270 degré, c'est "la droite" (non, pas celle-là, ton autre main... ah, laisse tomber...)

selon moi, le principal problème de ce qu'on appelle "antiaméricanisme" réside dans l'ambiguité du ressentiment. en effet, si quelqu'un est "antiaméricain" parce qu'il s'oppose aux guerres territoriales, à la destruction des écosytèmes, etc. alors il n'est pas uniquement opposé au mode de vie "américain": il est opposé au modèle industriel occidental. les populations de france, de chine, du brésil, de l'inde et du canada sont tout aussi coupables de gaspillage et de cruauté envers le vivant que n'importe quel américain!

par contre, je crois qu'on touche au coeur même du problème lorsqu'on aborde un "antiaméricanisme" défini comme étant le rejet de "valeurs dites américaines": le groupe humain incarnant le plus flagrant asservissement de l'esprit critique et la plus importante menace à la liberté de choix individuel depuis des décennies (je parle ici des chrétiens évangélistes) réussit à faire accepter par l'ensemble de la population que les valeurs qu'ils défendent sont les "valeurs dites américaines" alors que ce qu'il proposent est en réalité un retour à la féodalité. en opposition au pire cliché de ce qu'a apporté la révolution américaine (que même le citoyen le plus humble peut espérer aux plus grands honneurs), les chrétiens considèrent que chacun est né à la place qu'il mérite, qu'il ne peut n'y échapper, que le sang est plus sacré que la justice. dans le contexte actuel, les chrétiens évangélistes sont ceux qu'on peut logiquement étiqueter "antiaméricains" et la bataille vitale ne se livre pas dans les quartiers pauvres de falloujah, mais dans la vie quotidienne de millions d'américains. parce qu'ils sont les seuls à pouvoir véritablement stopper la guerre culturelle menée par ces fanatiques, qui disposeront peut-être encore pour quatre ans du plus imposant effectif militaire jamais connu.

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