un ami très proche -- qui vient de termier une plus qu'excellente suite de minerve -- m'a prêté le livre wittgenstein's poker, qui raconte sous tous ses angles la confrontation "violente" entre karl popper et ludwig wittgenstein en 1946, autour de la question s'il existe vraiment des problèmes philosophiques ou bien seulement des jeux de langage (le poker est, dans ce cas-ci, un tisonnier et non le jeu de cartes). et au fil de ce bon portrait historique, il m'est très difficile de ne pas constamment prendre le parti du contrariant luky:
"he might also have made another, though perverse, contribution to britain's war. in 1939 he discussed contradictions in mathematical logic with alan turing, who thought wittgenstein's view, that contradictions were not significant, utterly wrongheaded. (wittgenstein's philosophy of language had evolved dramatically since the tractatus. then he had believed in a perfect, ideal language, devoid of ambiguity. now he believed that if communities developed or adopted a language that contained internal contradictions, well, so be it.) the memory of that disagreement could have played a part in turing's thinking on the logical design of the bombe, the primitive computer, which made possible the timely cracking of the german enigma code in bletchley park."
j'en viens alors au fait qu'on m'a récemment posé la question: "que représente la science-fiction pour toi?" et je trouve qu'à travers la sience-fiction, à travers cette question sur ce que représente la science-fiction, on peut aborder un peu -- et ici, il faut faire attention car même russell s'est fait dire par wittgenstein, à propos du tractatus: "don't worry. i know you'll never understand it." -- comment ces contradictions internes se présentent à nous dans notre rapport à la signification de la science-fiction.
le lecteur de science-fiction accepte la communication qu'on lui propose et donc temporairement comme "vraie" une évocation du réel qui est par définition fausse. à chaque moment il suspend et rétablit sa notion du réel, le lecteur opérant régulièrement une translation entre sa perception d'un réel qui l'entoure et celle projetée par l'acceptation du "mensonge" de la science-fiction.
je pense que la science-fiction "est par définition fausse" parce qu'il s'agit toujours d'un acte de translation de la perception vis à vis le réel; elle se situe entre l'histoire (car le genre exige plus qu'une exacte représentation du monde, mais s'accommode d'une extrême proximité) et la divination (si par une incroyable coïncidence elle dévoilerait exactement le futur!).
si alors on accepte la valeur de cet échange, l'antinomie de la science-fiction ne pose pas de difficulté à la résolution de problèmes philosophiques, au contraire: on en revient alors encore à wittgenstein, car chaque translation de la science-fiction est un "à peu près là" illogique, mais paradoxalement légitime en tant qu'espace de réflexion (donc de représentation).
la science-fiction comme jeu de langage propose donc autant de translations qui deviennent les "bacs de sable" dans lesquels le jeu se déroule. la science-fiction fait de nous ces enfants qui dessinent des villes dans le sable, alors que les deux représentations (le jeu et le monde au delà de son cadre qui se manifestent conjointement) cohabitent, au seuil d'une compréhension modifiée du monde.
20081123
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